jeudi 24 septembre 2015

Coup de gueule ! Honte à vous !!



Depuis quelques semaines, je sursaute d’indignation en entendant certains propos sur les réseaux sociaux, dans les journaux ou simplement à l’épicerie du coin. Chacun y va de son petit ou grand côté raciste, patriotique, chauvin, religieux ou que sais-je…

Je n’en peux plus. J’ai peur, je suis triste et j’ai honte de vous. Je vomis vos paroles répétées par cœur que vous ne comprenez même pas.

Peut-on espérer un moment de silence. Mais je pense que rien ne suffit à vous faire taire à part la révélation du secret de la saison 102 de Secret Story. S’il vous plaît, essayez d’écouter au moins les battements de votre cœur.

Je vais juste vous donner un filon, un tout petit… et comme je suis égocentrique je vais parler de moi.

Je ne suis pas patriotique, croyante, méchante, médisante, blanche, noire, étrangère, suisse, dans les normes,  insensible, dévalorisante, mariée, célibataire, je ne suis pas hétéro, homo, jaune, rouge, verte, de gauche, de droite, libre, en prison, riche, pauvre, reconnue, orthodoxe, musulmane, chrétienne, libérale, égoïste, économe, fashionista, hippie, en emploi, au chômage, à l’aide sociale, alcoolique, toxicomane, connectée, jolie, moche, blonde, rousse, noiraude, châtain...

Je suis juste un être humain.

Comme tous les êtres humains qui essaient de fuir leur pays.
Alors bienvenue à ces êtres humains en lesquels je me reconnais et je me vois. Et j’espère au plus profond de mon cœur d’humain qu’ils arriveront un jour à rire de nouveau.

PS : Non, le mot « humain » cité 4x dans le dernier paragraphe n’est pas une faute de répétition ou de manque de synonymes, de l’entendre plusieurs fois peut aider à l’assimiler.




mercredi 16 septembre 2015

Anniversaire de mariage



Le 31 août dernier, ça faisait 4 ans que je me suis mariée. Et ce n’est pas parce que l’on a joué notre mariage à Cap ou Pas cap, que ce n’est pas un jour important ! Donc…

…En ce lundi, après avoir écrit un mot à mon cher et tendre, je lui ai acheté un petit présent, c’est tellement bien attentionné le cadeau, parce que même si t’y crois pas vraiment aux belles institutions du mariage, tu veux faire plaisir à l’autre. Moi je lui ai acheté un bilboquet parce que c’est un jouet en bois (restons enfant), et surtout parce que c’est deux parties séparables mais totalement inséparables si tu veux y jouer. Je trouvais la métaphore jolie.

J’ai, ensuite, attendu qu’il revienne de chez le dentiste pour qu’on se fasse un bek, échange de cadeau et hop je pars à la poterie. On ne va pas se la jouer souper aux chandelles quand même ! Mais là, le destin nous a proposé autre chose.

Mon amoureux s’est pris la porte automatique de la clinique dentaire, après une extraction de la prémolaire gauche. Qu’est-ce que ça veut bien pouvoir dire en langage du corps, un truc comme ça ?

18h16 : le téléphone sonne.
« chwui à la cwcliniquwch et chwai mal.. » moi ne comprenant qu’un mot sur 12, je demande qu’il reformule sa phrase. De guerre lasse, il me passe l’assistante pour mon plus grand bonheur. Là, une voie normale s’échappe de mon ibidule pour me dire que mon mari est entré en collision avec la porte vitrée et qu’il s’est ouvert le nez, qu’il est un peu sonné et qu’il ne peut pas conduire. Il conviendrait que je l’amène aux Urgences.

18h22 : je demande à mini-pirate de mettre ses chaussures rapidement, car papa a eu un léger accident et que nous allons  aller le chercher à la clinique. « Oui mais moi je veux jouer, maman ». NON, ça ne va pas être possible. Le tout, rester calme.

18h29 : passé par les chemins vicinaux. Roulé sur deux roues à l’heure de pointe, j’arrive avec calme et sérénité à la clinique dentaire, même si à l’intérieur de moi, je suis mortifiée par ce que je vais y découvrir. J’ai un passif d’accident qui me fait redouter les appels avec le mot « urgence » dedans.

18h31 : mon homme est assis sur une chaise de dentiste, un sac de glace sur la tête, le nez explosé et une bosse bien marquée sur le front. Avec évidemment une dent en moins donc endormi de la moitié de la gueule, ça donne un peu l’illusion qu’il descend d’un ring de boxe. Je le prends par la main. Ou plutôt il s’accroche à mon bras et nous partons cahin-caha, après avoir remercié très chaleureusement les médecins dentistes très efficaces également en cas de blessure au nez.

18h45 : Urgences de l’hôpital. Je laisse ici mon très cher mari, pour aller chercher ses antibios pour sa dent, et faire garder ma louloutte car je sens bien qu’on en a pour un certain temps. Je ressens une énorme protection bienveillante envers l’être aimé, jusqu’à ce qu’il me dise que j’aurai du aller à la poterie. Lui n’aurait certainement pas annulé sa soirée pour moi si j’avais eu le nez en forme de chou-fleur. L’envie de le faire saigner d’avantage me chatouille les mains. Quelque part, un point de suture de plus ou de moins ?!

19h15 : je sors enfin de la pharmacie, avec ma fille sur la hanche, il y avait toute la ville je crois. Ont-ils tous été à la clinique dentaire ?

19h20 : dans la voiture, j’entends un hurlement venant du siège pour enfant, Mini-pirate a oublié sa voiture fétiche à la pharmacie. Arrrhhhhfhhfhfhfhalkfhadofiuldshufail. POURQUOI ?????

19h26 : je livre ma fille à ma sœur et ma mère, c’est comme les familles italiennes, on vient à plusieurs en cas d’urgence. Elles repartent fissa à la pharmacie pour aller chercher Dinoco, la voiture bleue dans Cars 1.

19h34 : je fume une clope devant l’hôpital, car j’en ai besoin. J’ai chaud, mes cheveux partent dans tous les sens, j’ai soif, j’en ai marre, je ne veux pas être à l’hôpital, je suis inquiète, je ne veux pas un mari défiguré à vie, bref, mon égoïsme reprend forme.

19h56 : après avoir frappé à toutes les portes, je trouve ENFIN mon mari, qui n’a toujours pas été admis aux urgences et qui était parti fumer dans le sas extérieur. Saperlipopette, il m’énerve avec ses clopes. Son nez change de forme un peu comme les barbapapas. Le sang coagule, c’est top. J’ai faim.

20h19 : on le prend et on le couche dans un box. On va y arriver. Je sens le but se rapprocher. L’espoir fait vivre. Il y a 4 heures on nous parlait d’opération, de points de suture. Je suis donc un peu tendue face au verdict.

De 20h19 à 22h : on parle de nous, des peurs, de son nez, de nos 4 années de mariage entre les rires et les engueulades. Des enfants, de nos parents. On se rend compte qu’on parle bien plus que si on été allé au resto tous les deux. Lui couché sur ce lit aux urgences, je me sens protectrice. Je ne voudrai jamais le perdre ce mec qui me rend folle par moment. C’est l’homme, c’est lui auquel j’ai dit oui pour faire des enfants et je me rends compte la chance que l’on a de n’être à l’hôpital que pour des broutilles, finalement.

22h : Le médecin entre et le vaccine contre le tetanos, lui colle 8 Steri-strips™ en étoiles sur le nez et nous laisse repartir. Tout ça pour ça. Plus de peur que de mal. Ouf.

On rentre à la maison, épuisés, je lui fais des tartines, le mets au lit et attends qu’il s’endorme pour m’endormir.

Y a pas à dire : ça rapproche, les petits accidents de la vie. Je lui ai offert mon cadeau quand il était déjà au lit, et il a eu l’interdiction formelle de jouer avec. Le bilboquet, ça fait mal parfois sur le nez.

Alors mesdames, j’ai un filon, si vous voulez faire un point constructif sur vos amours. Envoyez votre mec dans une baie vitrée ou écrasez lui un truc sur le nez. Je vois que ça. 



mardi 8 septembre 2015

La rentrée



C’est la rentrée. Moi je le sais parce que mon mari est prof. Et lui, il le sait aussi parce que comme chaque année depuis 23 ans, il a des boutons aux coins des lèvres et il se ronge les ongles jusqu’à la 2ème phalange. La rentrée scolaire, c’est comme Noël. Sauf qu’il fait beau et qu’il n’y a pas de cadeaux. C’est chaque année, on le sait, mais on dit tous une phrase du genre : « déjà la rentrée ?! » ou « Déjà Noël ?! ». A première vue, on ne s’y habitue pas.

Pour moi, c’est facile, je n’ai que fille aînée qui reprend l’école et qui est dans une routine, dirais-je.
Et mini-pirate a encore une année de liberté devant elle ; avant les 78 ans qui lui restent de contraintes, de tests scolaires, professionnels, de choix, de notes, de comparaisons, de ballons dans la tronche à la gym. Alors cette rentrée est plutôt soft pour moi, c’est pour cela que j’ai le temps de regarder les autres.

Vue par une majorité de parents :

Pour ceux dont les tendres enfants commencent en ce joli mois d’août, on sent une effervescence dans les rayons de la Migue, proche de l’hystérie. Va-t-on opter pour le look total « Reine des Neiges » ou saupoudrer par ci, par là, de Mickey, Cars, Planes, Spiderman, et j’en passe… Aura-t-il assez d’un plumier à 12 étages ou serait-il mieux d’acheter 5 trousses afin de différencier les stylos des crayons, les gommes des néocolors, et les règles des compas. Et le sac ? Sur roulette pour ne pas qu’il se fasse mal au dos, mais il a l’air con. Ou le sac à dos, avec risque de double scoliose dans quelques années ?
Et les habits ? Et la coupe de cheveux ? Et la récré ? Et... Et...Et...STOOOOP.

Bon, je sais qu’au jour d’aujourd’hui l’école nous demande un peu de matériels, certes, chers parents, mais je tiens tout de même à vous rassurer sur le fait qu’il existe encore quelques crayons qui trainent de ci de là entre deux ordis dans les classes. Donc il est inutile de lui acheter un scaphandrier pour la piscine.

Mais les parents, ils achètent plein de trucs à leurs enfants pour deux raisons : la première c’est parce qu’ils aimeraient que Dylan ou Marjorie soit le ou la plus belle de l’école. Celle qui suit la mode, mais en lin bio quand même un peu, même si on lui met aux pieds, des chaussures fabriquées par des petits Coréens (qui, eux au moins ne se posent pas tant de questions pour la rentrée).
Mais aussi parce qu’ils culpabilisent. Car eux, ils sont drôlement contents que leur enfant commence ENFIN l’école !!!! Combien de mamans que je croise - et je ne vous juge pas, Mesdames - me disent : « c’était le fin moment ! Je ne savais plus quoi faire avec mes enfants ». Ben heureusement qu’ on commence l’école à 4ans et pas à 6 comme dans notre tendre enfance ! Parce qu’on devrait se les coltiner encore 2 ans. Pffff….

Bon je fais partie des mamans fusionnelles, qui se disent que c’est si bon de les voir encore sans préoccupation ni obligation courir dans les champs. Mais je crois que c’est vraiment mon problème parce que mini-pirate elle se réjouit à fond. Comme dirait ma copine Rosemonde, on ne parle que de soi.

Vue par mon enseignant de mari et mon enseignante de sœur (oui j’ai un duo-pack de bons conseils) :

La rentrée, c’est le début de la catastrophe. Les 25 semaines de vacances ont passé tellement vite, on est tous sur les genoux parce qu’on a tellement donné aux gosses. On se promet que l’année prochaine, on les mets tous en colo.
Mais la rentrée, elle, commence par l’ouverture du mail de l’horaire 2015-2016. Et là, au rythme de spasmes, mon mari émet des sons inconnus jusqu’alors. Entre des supers gros mots et des sons proche de l’extase, je sais alors si l’année va être difficile ou pas.
Là, ça va. Bon il finit quand même trois fois à 16h50 mais dans l’ensemble il est assez content. Je ne ramènerai pas ma sempiternelle rengaine sur l’emploi du temps des enseignants. Car j’ai moi-même arrêté l’Ecole Normale pour faire des horaires de 7h-18h30, alors je me tais. J’ai choisi.

Et ensuite, il y a la phrase : « je vais jamais y arriver », et c’est là que je prends du temps pour lui dire que c’est sa 23ème rentrée donc que ça va aller, et qu’il assure et que c’est LUI le meilleur. Mais en vain, il faut bien 2-3 semaines de rodage pour que la confiance revienne.

Ok, là, je me moque un peu. Mais je me dis, quand je vois 23 élèves de 11ème sortir de sa classe - tous l’air plus vieux que moi - que je ne pourrai en aucun cas enseigner. Je pense que je me ferais pipi dessus de peur.

Ma sœur, elle, se préoccupe assez tardivement de sa rentrée, mais a décidé de mettre ses enfants en école privée : c’est dire qu’elle croit fort en l’école publique. Elle enseigne en enfantine.

Pour vous donner des nouvelles de mes deux guerriers partis au front le 24 août à 8h15 tapantes, tout s’est bien passé. Mon homme n’a eu qu’une lapidation à coups de craies d’un élève sur une autre fille. Et ma sœur, tout tranquille aussi : deux se sont barrés, un a vomi aux 4 coins de la classe, 12 pleuraient à perdre leur première dent et un seul s’est cassé l’arcade sourcilière en jetant son camarade sur le bord de la table. Ma sœur est saine et sauve.

Il y a aussi tous les enseignants qui sont très contents de recommencer, car ils en ont plein le fion de s’occuper de leurs mômes. Ou alors, parce que leur vie, c’est leur savoir à transmettre. Respect. Minute de silence.




Vue par les enfants :

Alors là c’est un mystère que je n’explique pas trop. Il y a tellement de cas différents. Pour faire bref : ceux qui vomissent de peur 4 jours avant, ceux qui se réjouissent parce que les vacances « ça va un moment », ceux qui s’en foutent, ceux qui savent qu’ils fugueront le premier matin, ceux qui rentrent enfin dans le grand collège, ceux qui retrouvent l’être aimé après de longues semaines, ceux qui commencent leur dernière année et qui se projettent dans leur vie d’adulescent…

En tous les cas, ce 24 août passé sonnait le glas de la fin de l’été, de l’insouciance de l’horaire, de la chaleur excessivement bonne et sentait l’odeur des tableaux noirs et des baskets neuves.

Pour moi, la rentrée…
…c’est retrouver un peu ma liberté. Je n’ai plus un mari à temps plein à la maison et au vu de ma grande indépendance cela me fait du bien de reprendre la barre.
C’est aussi le signe que les années filent et quand je regarde en arrière, je me dis que moi, les rentrées, je les ai jamais aimées.
Et dans une année, c’est Mini-pirate qui prendra le chemin de l’école, le sac Cars collé dans son petit dos, la joie et l’entrain dans ses petites jambes et un grand sourire de faire partie des « grands ». Et moi, là je vous écrirai combien j’ai pleuré devant le portail de la « grande école ».
Midinette je vous dis. Ou pas.