mercredi 25 mars 2015

Mais où va-t-on ?



Une de mes amies tsarines m’a communiqué sont désarroi face à une nouvelle émission de téléréalité : « Adam recherche Eve ». Décrite comme une « incroyable expérience pour trouver l’amour dans sa forme la plus pure », j’en doute….

Vous qui avez certainement connu votre amour d’aujourd’hui habillé(e), vous souvenez-vous du plaisir de choisir ses vêtements pour le premier rendez-vous ? S’imaginer le corps de l’autre et une fois le moment venu d’être nu, ne voir que le plus bel état de l’homme et de la femme, dans la perfection du don à l’autre.
Moi en tant que femme, je sais combien j’aime séduire, avec une petite robe légère, un jeans et un pull blanc, les pieds dans une jolie sandale, une bretelle qui descend le long d’une épaule…
Le moment où l’on se prépare pour sortir rencontrer le nouveau venu dans notre cœur, pour une nuit ou pour la vie, c’est juste orgasmique. Les yeux de l’autre sur soi, l’égo qui gonfle comme un ballon, le cœur qui palpite, les jambes qui piquent d’un rasoir trop pressé, tout cela n’est que bonheur en barre. Et au moment où les cœurs ou les corps ou les deux, se retrouvent, tout ce qui pourrait être un défaut à la lumière crue d’un jour sans étincelle, devient la substantifique moelle.

Soit.

Imaginons maintenant la même scène de séduction avec papy la nouillette à l’air et mamy et ses seins qui tombent. Tous deux en train de manger un poisson exotique, à la lumière crue du jour. Plus tellement faim…
C’est quoi ce camp naturiste pour fétichiste de l’impudeur ?

Il y a quelques semaines, Xavier Gandon, directeur des programmes de D8, expliquait également que « Adam recherche Eve » ne serait pas trash. « On voit furtivement les seins et les fesses, mais pas les sexes » expliquait-il dans les colonnes de Télé 2 semaines. Alors pourquoi être nu ???

Afin de ne pas écrire un texte sur un sujet que je ne connais pas, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai regardé ladite émission un mardi soir. Wahoooo. Le bruit du vide résonne encore.

Tout commence par un décor kitschissime, le cliché brut des îles : noix de coco avec pailles qui dépassent, serviette de plage orange à fleur, coquillages et radeau. Tout de suite, on y voit un homme habillé, qui se présente et qui donne sa raison méga-philosophique à la caméra sur son choix d’être dans une émission aussi merdique : « Je suis célibataire depuis 18 mois et je recherche mon Eve ». Tiens, quelle éloquence ! Nous cherchons le prompteur tenu par la nageoire d’un dauphin ! Bref. Une fois arrivé à 12 mètres de l’île et trois pieds de profondeur, l’homme se met à nu, et plonge. Musique profonde de l’humain qui part à la recherche de… de… de… ben de rien en fait.

Une seconde plus tard, le voilà, de nouveau habillé (ils doivent passer un temps fou à se mettre à poil, puis se rhabiller, se remettre à poil, etc.) avec la présentatrice, cruche comme une amphore, qui pose des questions vraiment intéressantes : « Qu’est-ce qui vous fait craquer chez les femmes ? » réponse de l’Adam habillé : « les yeux et le sourire ». Idiot, POURQUOI être à poil???

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous décrire l’émission. Juste vous dire ce que j’en ai retenu : les dialogues sont d’une vacuité vertigineuse, aucun érotisme ni sensualité ne se dégage de ces être humains, le décor est écœurant de convenance. Même pas envie d’être sur une île paradisiaque.

Je suis ressortie de cette expérience en colère. On nous prend pour des cons ! Mais alors des vrais de vrais. Même un début de séquence porno sur Redtube est plus audacieux, c’est vous dire...

La seule chose qui m’a émoustillée c’est le quart de seconde où l’on voit un Bernard Lhermitte traverser l’écran dans le sable. C’était rudement bien filmé, tiré certainement d’un documentaire animalier. (Peut-être, une erreur du stagiaire au montage).
Hormis des échardes dans les fesses, je ne vois pas ce que le candidat gagne à se ridiculiser de la sorte.

Je pense que ce qui m’a le plus frappée, c’est la fin de l’épisode, à savoir si Adam choisit Eve et réciproquement. La présentatrice ose demander : « Avez-vous l’impression d’avoir appris sur vous-même ? ». No comment.

Si vous voulez voir des bites non floutées, abonnez-vous à Charlie Hebdo.

jeudi 19 mars 2015

Cri du cœur : Maman sur site



Pour toutes celles qui auraient la bonne idée que j’ai eue d’arrêter de travailler à la naissance de leur chérubin, je tiens à dire « accrochez-vous ». Quel fantasme de croire que la femme qui vient d’accoucher est par conséquent forcément radieuse, qu’elle a le temps de s’occuper de la prunelle de ses yeux tout en jouant du piano pour l’endormir. Elle qui croit qu’une fois bébé à la sieste, elle pourra peindre une merveille en écoutant une douce sonate de Bach, un crayon dans les cheveux pour retenir de folles mèches qui encadrent son visage……….

NIET. NADA. NON.

La vérité, c’est une femme crevée post-accouchement qui traîne ses 12 kilos de plus qu’avant la grossesse, qui ne se reconnaît plus, qui n’a pas le temps de faire autre chose que 13 lessives, dès que le nourrisson dort ENFIN ! Le piano est sous le tas de lessive. Le crayon, qui dans vos rêves, remontait vos cheveux en chignon parfait, fait maintenant corps avec une dread. Le temps de se coiffer fait partie de l’avant bébé. Donc, autant vous dire que la merveilleuse peinture n’existera jamais. Et la sonate de Bach vous fait pleurer. C’est les hormones qu’ils disent les messieurs en blouse blanche. C’est l’enterrement de votre vie d’avant que vous chialer. Elles ont bon dos, les hormones!!!

Voici le début d’une nouvelle vie, où les mots qui ne sont pas qu’exclamation positive et larmes de joie n’auront pas leur place, où il faudra donner le change constamment sous peine de passer pour une mère indigne ou sujette à un baby blues névrotique. Une vie où le mot « vacances » n’existe plus. Votre meilleur ami sera le facteur si vous avez la chance d’avoir beaucoup de recommandés et de paquets que vous achetez compulsivement pour remplir ce vide béant. Votre vie sera rythmée de petits pots pomme de terre/fenouil/carotte fait maison évidemment (sinon quelle mère seriez-vous ?), et de changements de couches à la chaîne. Plus de vie sociale autre que votre mari et le facteur, plus de séances de travail aux aurores, plus de tac tac (bruit si sexy du talon haut), car se promener en campagne en talons hauts, ce n’est pas méga pratique. Votre pyjama de grossesse deviendra gentiment votre habit d’intérieur, vous donnerez votre maquillage aux amies, pour faire de la place aux canards de bain, vos bagues et colliers relégués à la cave.
Ça c’est le début. Et tout cela, je l’avais lu, entendu, et m’étais promis que MOI je ferai différemment. Quel orgueil.

Ensuite bambin grandit. Vous troquez votre pyjama contre un sarouel ou survêt pratique pour faire du quatre pattes, et là, vous vous étonnerez de la vitesse que vous pouvez atteindre, les genoux bleus et le survêt troué ! Vous vous surprendrez même à arriver à la machine à laver avec le linge sale sur la tête pour vous créer LE challenge de la journée. Et la larme à l’œil, vous vous direz en même temps : « Yesss, j’ai réussi !!! » et une seconde plus tard : « Au secours ! Qui est cette femme qui a pris possession de mon corps et surtout de mon cerveau ? ».

Trois ans plus tard, vous aurez déménagé l’appartement 1235 fois, en pensant que votre vie serait diamétralement différente avec le canapé à gauche et la bibliothèque à droite. Après avoir fait une thérapie par le vide, (la bibliothèque et le canapé n’existeront plus), vous vous retrouverez assise par terre (ben oui) et vous regarderez votre homme ; et LÀ, vous le détesterez pour tout ce qu’il vous a fait : devenir une femme au foyer !  Bien que cette idée fût également de vous, il vous faut un coupable, parce que vous n’avez plus de place dans votre tête, pour vous auto flageller en plus. Vous détesterez SES réunions, SES beaux habits pour aller au travail, SES trajets en voiture où il a même le temps de s’en griller une, SES fatigues du soir, SES vacances qui pour vous ne changent que dalle, SES réflexions sur son job, et SES attentes par rapport au vôtre: nettoyages, lessive, plier le linge, aération de la maison, paiements, balade quotidienne des enfants, jeux divers, pâte à sel… (Et j’en passe). Bien sûr, vous resterez quelque part dans ses bons souvenirs mais très vite, il vous verra comme le pilier central d’une cathédrale inébranlable. Donc il pourra se permettre de rentrer plus tard, de ne pas vous indiquer ses réunions imprévues et vous bombardera de bons conseils, comme « fait-un-cours-Migros-rien-que-pour-toi,-par-exemple-fleur-en-pâtes-fimo » ou « tu verras, quand les enfants seront à l’école tu auras le temps de te réaliser ». Lui, l’homme, le mari, l’amant, le couillu sur pattes, aurait-il attendu 4 ANS POUR SE REALISER ? (pardon, je crois que j’ai crié).

Alors par un beau matin d’hiver, après une crise personnelle entre vous et vous, et 54 offres d’emploi plus tard, vous décidez d’aller frapper à la porte de l’Office Régionale de Placement, le cœur battant la chamade, la culpabilité dans le regard, la confiance en vous entre les chaussettes (trouées au talons) et les semelles de vos bottes de pluie (parce qu’évidemment il pleut). Et là, vous vous entendrez dire : « Aloooors, si vous vous inscrivez, on vous fera une remise à niveau, très certainement, et vous ne toucherez pas d’indemnités, vu que vous ne travaillez pas depuis 3 ans ! ».

Vous ne vous inscrirez pas ce jour là.
Vous rangerez votre envie de fracasser le bureau de l’ORP.
Vous vous direz que vous n’avez jamais été aussi crevée depuis 3 ans et qu’un job serait des vacances pour vous. Rien que la pause de midi, un luxe !
Et bien les vacances, ce n’est pas pour demain.
Et le jour où la Suisse décidera de reconnaître ce job de fou et les maris aussi, le regard sur les femmes au foyer sera différent. C’est donc à nous, Femmes sur site de changer ce monde. Vu que les soutiens gorge ont déjà été lancés il y a quelques décennies, je vous propose la patte microfibre ; et toutes au combat pour l’égalité !
Si le salaire de Madame correspondait au salaire de Monsieur, nous pourrions déjà faire en sorte que chacun travaille à un pourcentage réduit !  Si les places dans les crèches n’étaient pas aussi rares, nous pourrions lâcher plus facilement nos bambins. Et je ne parle que des mamans comme moi, qui ont le luxe de pouvoir choisir, évidemment…

Lundi 16 mars. 14h18. J’ai lancé ma patte microfibre en signe de rébellion. J’ai mis des talons qui font tac tac, et mes cheveux sont relevés sur ma tête en un chignon sexy tenu par un crayon. J’ai pris mes enfants sous le bras et je me promène fièrement, tête haute et sourire en coin. Au détour d’une rue, je lance mes talons, cours avec les enfants, me roule dans l’herbe humide, défais mon chignon et ris, ris encore avec ces enfants qui me regardent faire des loopings avec mon moral, ceux-là même qui vous donnent la main avec tellement de confiance que vous en pleurez de joie et de panique...

Je me sens sans statut souvent, je me sens dépassée par tellement de vérités depuis que je ne fais plus partie intégrante du système. Avoir ce recul sur le monde, c’est une chose abominable par moment, parce qu’on en voit toutes les failles mais je me sens liiiiiiiiiiiiiiiiiiiibre et ça, ça n’a pas de prix.
Moi, femme avec une patte microfibre pour drapeau, je me battrai pour que nous puissions un jour dire haut et fort, je suis femme au foyer, fière et libre !

dimanche 8 mars 2015

Coup de colère : Faire pipi ça coûte cher !



Je suis d’accord ce n’est pas très glamour comme titre. Mais ce n’est pas le but de ce blog.
Aujourd’hui, samedi 7 mars 2015, je décide, moi et ma petite famille de nous rendre à Lausanne voir la boutique Terre des Hommes pour y acheter différentes choses. Depuis plus d’un an j’achète tout en seconde main pour les grands comme pour les petits et je n’ai plus aucun plaisir à faire les boutiques, dites de première main !
Donc, nous partons pour la City, nous qui vivons un peu en dehors du monde dans notre petite maison « chamblonesque ». Arrivée en ville, il me prend alors une envie de faire pipi urgente et même si mon périnée me paraît plutôt en forme, je sais que je ne vais pas tarder à avoir envie de crier « maman » !
Je me dirige donc tout naturellement dans le premier centre commercial que je croise, et là, de suite, de magnifiques portes noires, à gauche, dame en jupette et à droite, monsieur en pantalons. Soupir de soulagement vite écourté quand je vois que ces WC sont PRIVES. Et qu’un panneau m’indique d’aller au parking souterrain. J’obtempère fissa, avec tous les noms d’oiseaux que je garde pour moi, afin de ne pas effrayer mini fée pirate. Arrivée au parking, et après avoir demandé où se trouvait ce lieu sacré, je remarque avec bonheur les panneaux susmentionnés ; je cours, je nage, j’ondule… en canard jusqu’à ce que je voie sur la porte : « veuillez insérer votre ticket de parking ». Je N’AI PAS de ticket de parking pour la simple et bonne raison que je suis parquée à la Rte de Genève !!! Je remonte donc à l’air pollué avec les yeux injectés de colère. Là, mon cher et tendre, me voyant légèrement prête à faire un scandale sur la place publique, me propose un café afin de pouvoir soulager ma mauvaise humeur et le reste. Nous entrons donc dans le premier café branché de la place et je cours vers les toilettes…. Mais il faut DEMANDER LE CODE AUX SERVEUSES. Je traverse le bar, tel un barbare avec casque à pointes et gourdin, prends la serveuse par les cheveux, lui tape la tête contre le comptoir et lui fait cracher le code dans 6 langues différentes. Non. En réalité, je me dirige gentiment vers celle qui porte un plateau, mes genoux en X et les yeux plissés, lui murmure ma commande à l’oreille pour qu’elle me donne enfin le GRAAL… c’est le 3344. J’ai mis 1 minute à trouver où se situaient physiquement les touches sur la porte des toilettes. En fait, elles se trouvaient sur la poignée : de minuscules boutons, de la grosseur d’une tête d’épingle en ligne, sur cette maudite poignée. Forcément, de nuit, sans mes lunettes, je ne vois pas les chiffres. J’ai dû faire du braille pour compter l’espacement entre chacune d’elles et la porte s’est ouverte. Enfin. Pour la peine, j’y suis retournée encore deux fois, après avoir payé CHF 8.20 mon pipi.

Ce que le monde est con. Et moi la première de ne pas avoir fait pipi au milieu de place du Flon en criant « pour un pipi libre ! ».
Et dire que l’on pourrait nourrir des villages d’enfants avec les fonds investis dans la sécurisation électronique des portes de WC !