Avant que l’on
passe fièrement devant le maire avec sa belle robe blanc cassé et son chignon à
fleurs, la question du désir et de la séduction ne se posait, pas de la même
manière.
Virevoltante de
fraîcheur et d’allégresse, je savais que certains hommes se retournaient sur
moi et cela me procurait un sentiment de bonheur léger, comme manger une
meringue chez mon amie Miretchka (peut-être un peu plus léger tout de même, le
sentiment).
Les hommes se
retournent peut-être toujours mais maintenant je ne les vois plus, car j’ai
dans ma main, une petite main, et à mon doigt une bague avec un nom à
l’intérieur qui, à lire de près, ressemble étonnamment à celui de mon mari. Je
suis mariée et sérieuse. J’ai suivi les conseils de ma mère, « Avant le
mariage, tu fais ce que tu veux ; après tu dois être sérieuse ». Oui maman.
Bien. Je suis
sérieuse depuis longtemps maintenant. Au point d’être devenue presque chiante,
voir un peu nonne sur les bords.
Moi qui étais une
grande amatrice d’hommes, je me suis retrouvée assise devant ma psy à lui
demander : « Puis-je fantasmer sur un acteur de cinéma, même mariée
avec des enfants ? ».
C’est là que j’ai
compris que le passage du tout au tout avait peut être été un peu brutal. Alors,
bonne nouvelle, mesdames: OUI, on a le droit de fantasmer sur un acteur de
cinéma!
Après cet
événement, je me suis ressaisie et me suis demandé combien de temps un couple
pouvait tenir si on lui donne tout. Tout le temps. Comme à un enfant qu’on gâte.
Ne faut-il pas mieux parfois partager ?
Après une
discussion avec l’homme de ma vie, il a ri de ses belles dents pour me dire que
j’avais le droit de me retourner sur un homme dans la rue, ou sur un acteur de
cinéma. Lui-même le faisait sans pour autant s’autoflageller 350 fois avec un
fouet à picot ! Ah, ok ! Cool alors. A moi tous les films de Javier
Bardem et Simon Baker sur une terrasse…(N’ayant pas beaucoup de temps, je fais
les deux d’un coup !).
Alors…que faire de
tout son désir et de sa séduction, une fois mariée ?
Il y a plusieurs
réponses à cette question, d’après ce que je vois dans mon entourage:
- Faire en sorte de désirer et séduire son mari tous les jours, avec des petites attentions, des sous-vêtements affriolants, des petits plats bien cuisinés et ne jamais, mais alors JAMAIS ne faiblir sur cette dévotion. Tu as fait ce grand et honorable choix de te marier donc il ne peut y avoir aucune autre issue à ce fleuve qu’est le désir et la séduction. Tout sera reversé à l’homme choisi et jamais tu ne reluqueras le petit jeune derrière sa caisse à la Migue, ni n’oseras t’imaginer des scénarii torrides au sujet de ton médecin. Tu vendras tes talons, mini-jupes et tu ne te détacheras plus les cheveux de manière sensuelle à l’arrêt de bus, ni chez Migrolino. Soit. Amen.
- Tu te trouveras un amant, qui avec passion t’emmèneras voir les étoiles. Et prise dans ta phénoménale amourette, tu quitteras mari et enfants pour t’installer avec l’Homme, 6 mois plus tard, tu te poseras la même question avant de requitter l’Homme pour te mettre avec ton autre amant. Bref, effet repetitas ad aeternam, c’est chiant pour tout le monde, surtout pour soi-même, j’imagine.
- Tu prends un amant marié qui aime sa femme, et qui ne veut surtout pas la quitter parce que toi, ça tombe bien, tu aimes ton mari, et de temps en temps tu te fais des after après ton cours de pétanque bretonne. Personne ne quitte personne et les boules (de pétanque) seront bien gardées.
- Tu continues comme avant, à reluquer les jeunes à la Migue et à fantasmer sur ton ancien prof d’histoire et tu te permets à boire des cafés avec des hommes séduisants sans passer à l’acte, parce que justement le fait de t’autoriser à vivre ta vie te permettra de ne pas avoir envie d’aller voir si l’herbette du voisin est plus longue que la tienne. Non, plus verte. Hum.
Donc dans
l’ensemble, il n’y a pas vraiment une bonne solution. Chacun choisit celle
qu’il préfère. Pas de jugement. Car même dans un couple polygame de père et de
mère, il y en a forcément un qui est plus jaloux que l’autre, etc… donc il n’y
a pas de solution miracle pour ce tiroir à désir et à reconnaissance que nous
avons tous et toutes plus ou moins grand et ouvert. Mais il est là dans un
petit coin de cette boîte crânienne un peu trop complexe parfois.
La reconnaissance
y est pour beaucoup dans tout ce bordel. Être reconnue enfin pour autre chose
que la bonne ménagère, la bonne mère ou la bonne tout court. Envie d’un regard
neuf sur notre corps changé, susciter le désir chez autrui mmmmmmmmmmmmmh
savoureux.
L’autre jour, je
me baladais vers l’Eglise. Un corbillard était parqué devant et je me faisais
la remarque que la vie n’était pas si longue que ça, tout compte fait. Je me
demandais si cet homme ou cette femme avait été heureux-se, Et si cette
personne avait su aimer et être aimée.
Quelques minutes
plus tard, quelques personnes sortirent de l’Eglise et se séparèrent sur le
trottoir d’en face. Ne restaient plus rien que des petits pas qui se séparaient
en silence. Cette personne avait elle un témoin de vie ? En rentrant chez
moi, je regardais mon mari, et je me suis sentie apaisée d’avoir un témoin de
ma vie, quelqu’un qui me voit évoluer, changer, faire des enfants, rire,
pleurer, être chiante souvent, en remise en question tout le temps. Bref, j’ai
eu envie de lui dire merci pour tout cela. Et j’ai eu envie d’être désirée
comme jamais par cet homme là.
…………………. Et un peu
par tous les autres aussi !
Viens ici, ma blogueuse, que je t'enduise de meringues fouettées !
RépondreSupprimer10/10 pour la rédac, et le fond aussi.
Merci d'écrire avec autant de transparence et d'élégance sur ce que tout le monde pense tout bas sans oser le dire tout haut !
RépondreSupprimer