Monsieur le
Conseiller fédéral Burkhalter,
C’est avec un brin
d’étonnement et de colère, que je vous lis dans le « 24Heures » du
mardi 14 juin 2016.
En effet, je vous
ai écrit le 25 octobre 2015 pour vous alerter sur mes préoccupations concernant
la crise migratoire. Je vous parlais d’une catastrophe humanitaire et de mes
inquiétudes sur l’inaction de la Suisse et de ses pays limitrophes. J’ai été
jusqu’à vous dire qu’un nouvel Auschwitz était en route, une page d’Histoire
noire et infâme s’écrivait d’ores et déjà depuis plusieurs mois/années.
Vous m’avez très
gentiment répondu que la Suisse, dans les limites de ses possibilités mettait
en œuvre tout un tas de démarches pour venir en aide à ces personnes bravant
l’indicible pour fuir la guerre.
Quid, en ce mois
de juin 2016 ?
C’est de pire en
pire. Les camps se font désormais plus grands, les gens meurent toujours en
traversant la Méditerranée, les enfants disparaissent, la faim se fait tenace,
et les frontières se referment en même temps que les yeux de beaucoup trop d’humains
face à ce drame.
Je ne suis
effectivement pas politicienne, je n’ai pas fait Science Po et je n’ai
évidemment pas vos responsabilités. Mais j’ai des yeux. Et des mains qui depuis
quelques mois œuvrent pour un monde que je vois, couler aussi sûrement que ces
bateaux de pacotille chargés à bloc pour enrichir les passeurs. Que fait la
SUISSE pour empêcher cela ?
Vous dites dans cet
interview au sujet de la Syrie : « les violations des droits de
l’homme doivent opérer comme un signal d’alerte avant que les crises
n’éclatent. » Je crains que la crise n’ait éclaté depuis quelques temps
déjà…
Vous désirez
mettre en place « un système d’alerte précoce. Ce n’est pas quelque chose
de compliquez… même s’il faut convaincre beaucoup de gens » dites vous.
Chouette alors. Si ce n’est pas si difficile, pourquoi ne pas l’avoir mis en
place avant ? Je m’interroge.
Et si c’est
actuellement que vous vous posez ces questions, je me les pose depuis
longtemps. Les Droits de l’Homme sont inexistants dans ces camps de fortune où
nombre de mes amis se sont rendus pour faire le travail des gouvernements. J’ai
autour de mois des dizaines d’hommes et de femmes qui travaillent sans relâche
pour amener de quoi manger, se laver, se soigner à ces familles en péril.
Est-ce notre job, à nous citoyen-nes du monde que d’aider son prochain ?
Oui c’est notre job. Et c’est votre job également que de leur venir en aide.
Je vous propose de
vous rendre sur place. De regarder les yeux de ces enfants. De leurs parents.
Puis de revenir chez vous avec ses images dans les yeux. Et je suis sûre, que
votre sens de l’humanité, de l’entraide, se fera sentir encore plus puissamment
dans vos tripes d’humain et non de politicien. VOUS avez des cartes que VOUS
pouvez jouer. La Syrie n’a pas besoin d’armement, elle a besoin d’un cesser le
feu, et d’une terre d’accueil pour ses habitants qui ont du fuir l’horreur de
cette guerre. Ils ont besoin de toits et je sais que la Suisse en possède, ils
ont besoin de sécurité et ils ont besoin d’être reconnus en tant qu’humains et
non comme des bêtes que l’on parque dans des camps entre deux barbelés.
Je suis fâchée,
Monsieur le Conseiller fédéral, car en tant que citoyenne, je ne suis pas fière
de mon pays. Car ce pays je ne le vois pas se mettre debout pour aider ces
milliers de gens.
Vous dites en
parlant de la Syrie « S’il y avait eu au départ une véritable volonté de
tenir compte de certains signes avant-coureurs, nous n’en serions pas
là ». C’est bien ce que je me tue à dire. C’est une question de volonté
mais pas de moyens.
Alors je réitère
ma question : que voulez-vous
faire pour leur venir en aide ?
Voilà ce que nous
faisons nous, citoyen-nes qui avons tous un job, une famille, et qui payons nos
impôts :
- Nous récoltons des tonnes de couvertures, sacs de
couchage, habits homme/femme/enfant.
-
Nous récoltons des fonds pour partir sur place amener
tout cela.
- Nous organisons des manifestations pour sensibiliser
nos concitoyens sur la guerre et ses conséquences
- Nous récoltons des médicaments, kit d’hygiènes que
nous remettons sur place.
-
Nous écoutons leurs peurs, leur terreur,
- Nous nous rendons à Paris, Calais, Idomini, Samos, Thessaloniki…
Et nous rentrons
chez nous épuisé mais heureux d’avoir vu un homme sourire ou un enfant jouer
avec des bulles de savon, seule chose que nous puissions leur amener dans cette
boue infâme.
Alors je vous
propose de venir nous aider. Et de considérer l’humain non comme un numéro mais
comme un de vos frères.
Avec tout mon
respect. Je vous remercie de m’avoir lue.
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